La surpopulation carcérale : un mal chronique des prisons françaises 

Un triste record. Au 1er février 2024, 76 258 personnes étaient incarcérées pour 61 737 places opérationnelles. À la même date, ce chiffre était 5,5 % plus bas en 2023. 

Julie Subitte (rédaction et édition)

Depuis des années, la surpopulation carcérale ne cesse de grandir en France. Selon les derniers chiffres parus le 29 février, 76 258 personnes étaient incarcérées en France, soit 3 964 de plus que l’année précédente. Malgré la loi de 2009 et la loi de 2021, les conditions des détenus ne cessent de se dégrader. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a à nouveau condamné la France en juillet dernier pour surpopulation carcérale et conditions de détention indignes. 

Ces chiffres ont une conséquence : ils bafouent le principe de l’encellulement individuel, pourtant fondamental, car il garantit à chaque personne le droit de disposer d’un espace où elle se trouve protégée et où elle peut préserver son intimité.

La surpopulation est notamment plus élevée dans les maisons d’arrêt. Pour les détenus en attente de jugement et ceux condamnés à de courtes peines, le taux d’occupation est de 147,7 %. À Tours, ce taux atteignait même 200 % à la fin février (307 personnes étaient détenues pour 145 places). En tout, 16 établissements pénitentiaires ou quartiers connaissent ce même taux.

« La prison est une loupe sur la société et elle révèle les fractures, tensions et fragilités de celle-ci. »

Matthieu Quinquis, avocat et président de l’OIP en France

À la mi-mars, le Conseil de l’Europe a exprimé sa « profonde préoccupation » à propos de cette surpopulation carcérale chronique. Les autorités françaises ont pris des mesures pour tenter de remédier à la situation : Interdiction des peines de prison de moins d’un mois, aménagement des peines, détention à domicile sous surveillance électronique ou développement du travail d’intérêt général, par exemple. Mais celles-ci s’avèrent insuffisantes.

Depuis 1996, l’Observatoire International des prison (OIP), section française, enquête, analyse et informe sur les conditions de détention en France. Ces militants veillent au respect des droits des personnes détenues. Une mission indispensable dans un endroit où les questions du respect du droit humain se posent particulièrement. La section est composée de onze salariés et de quelque 120 bénévoles. Matthieu Quinquis, avocat de formation est le président de cette section. Il est chargé de représenter l’association, d’animer et coordonner les instances. Avec le directeur général, il définit des axes stratégiques, des actions et des prises de position pour améliorer le milieu carcéral. Selon Matthieu Quinquis, « la prison est une loupe sur la société et elle révèle les fractures, tensions et fragilités de celle-ci. »

Mais dans un contexte de baisse générale des subventions aux associations, l’OIP n’est pas épargné. En 10 ans, l’OIP indique avoir perdu 67 % de ses subventions publiques. Aujourd’hui, afin de préserver son travail d’enquête, de plaidoyer, d’action au droit et de sensibilisation au public sur les conditions carcérales, l’OIP connaît des difficultés financières. Pour pallier la situation, ils ont lancé, jeudi 21 mars, une campagne d’appels aux dons sur leur site internet.