Mohamed, 28 ans, était étudiant en master de commerce. Il se destinait à la vente en ligne, voulait avoir de l’argent. Mais un soir, sa vie bascule. Pris en flagrant délit de cambriolage dans une boutique à Lille, il est condamné à 120 heures de travaux d’intérêt général. Une peine qui a changé ses valeurs.
Seydou Nomoko (Rédaction), Julie Subitte (Edition)
La sentence est un choc pour Mohamed. Il n’ira pas en prison mais est condamné à 120 heures de travail d’intérêt général. Il a été condamné en décembre pour un cambriolage commis quelques mois plus tôt. Il ne se souvient plus de la date exacte car c’est un mauvais souvenir, mais il se rappelle avoir été arrêté chez lui, un dimanche vers 11h. Le lendemain du vol par effraction dans une boutique de vêtements dans le centre de Lille.
Honteux et accablé par le remords, Mohamed se sent avant tout trahi par lui-même. Avec cette condamnation, il voit son rêve d’entrepreneuriat s’éloigner.
Quand il cède à la tentation de l’argent facile, Mohamed est un étudiant moyen. Il a fait ses études primaires et secondaires à Alger avant de finir ses années de collège en France en 2013. Après le bac, il intègrera une école privée de commerce à Lille en 2019. Il entre en master 2 en septembre dernier.
L’étudiant cambrioleur sera condamné à 120 heures de travaux d’intérêt général, le juge d’application des peines lui propose alors d’effectuer son TIG au sein d’une association d’aide aux personnes âgées à Lille.
La confiance du juge
C’est la première fois que Mohamed met les pieds dans une telle structure. Il travaille 3 jours sur 7. Au début, son appréhension est palpable, mais il est accueilli avec bienveillance par l’équipe et les résidents. Au fil des jours, il découvre un monde nouveau, loin de ses études et de ses ambitions.
Mohamed s’investit pleinement dans son travail. Il aide les personnes âgées à faire leurs courses, à préparer leurs repas, à se lever et à se coucher. Il les accompagne également à leurs rendez-vous médicaux et prend le temps de discuter avec eux, de les écouter et de les consoler.
Depuis qu’il a commencé son TIG, il respecte scrupuleusement ses horaires de travail et il se montre consciencieux. Il n’a reçu que des commentaires positifs de la part du conseiller du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) qui le suit. Ces retours positifs ont permis à Mohamed de gagner la confiance du juge.
Cela est important pour lui car depuis sa condamnation, il a perdu les jobs étudiants qui l’aidaient à vivre. Les restaurants qui l’employaient ont pris leurs distances. Heureusement sa famille le soutient financièrement car un travail d’intérêt général n’est pas rémunéré.
Une nouvelle approche de la vie
Le regard de Mohamed sur la vie a considérablement changé. Au début, il voyait ce travail comme une malédiction, mais après deux mois, il a une autre vision des choses. Il a compris qu’il rendait service à des personnes qui en ont besoin, et cela lui a permis de changer ses valeurs. Il a découvert une nouvelle source de satisfaction dans le fait d’aider les autres et de contribuer à leur bien-être.
Aujourd’hui, il commente : « J’ai réalisé que j’avais beaucoup à offrir aux autres et que je pouvais faire une différence dans leur vie. J’ai découvert une nouvelle passion et je me sens utile et épanoui. »
Plus la confiance s’installe, plus Mohamed s’investit dans son travail. Ses proches sont fiers de lui. Ils le soutiennent et l’encouragent dans sa nouvelle voie. Amine, sa meilleure amie, a découvert en lui « une force de caractère et une volonté de se racheter qui font de lui un exemple à suivre. » Elle ajoute : « Je suis fière de lui et de la façon dont il a surmonté cette épreuve. Mohamed a toujours été généreux et attentionné. Mais là, il a beaucoup appris et il est devenu une meilleure personne.«